La violence conjugale est un rapport de force au sein d’une relation amoureuse, dans lequel l’agresseur a instauré une domination en créant un climat de contrôle, physique et/ou psychologique, de peur et d’inconfort à l’encontre de sa victime. Celle-ci vit dans la crainte et l’incertitude. Elle se produit dans le cadre d’une relation de couple ou encore quand cette relation est terminée. Il ressort clairement que ce sont surtout les femmes qui sont victimes de violence conjugale et que ce sont principalement les hommes qui en sont les auteurs.
Bien que la plupart des actes de violence se passent dans des relations hétérosexuelles, la violence existe également dans les relations entre personnes de même sexe.
Il peut être difficile pour la victime de réaliser qu’elle vit de la violence car plusieurs éléments peuvent servir d’excuses: un trait de personnalité, la fatigue, l’éducation, un passé chargé, bref, tout ce qui ne serait pas de la responsabilité de l’agresseur. Mais la violence conjugale n’est pas une perte de contrôle, elle est bel et bien intentionnelle, calculée et répétée.
La violence conjugale se traduit par un déséquilibre au sein duquel l’une des deux personnes tente par tous les moyens d’avoir le contrôle et l’emprise sur l’autre. Par crainte des répercussions, la victime est privée de son libre arbitre et dans l’impossibilité d’exprimer ses opinions ou ses besoins.
« La violence conjugale comprend les agressions psychologiques, verbales et sexuelles ainsi que les actes de domination sur le plan économique. Elle ne résulte pas d’une perte de contrôle, mais constitue, au contraire, un moyen choisi pour dominer l’autre personne et affirmer son pouvoir sur elle. Elle peut être vécue dans une relation maritale, extra maritale ou amoureuse, à tous âge de la vie. »
La violence conjugale ne se limite pas à la violence physique. Elle n’est pas non plus une simple chicane de couple. La loi interdit d’ailleurs plusieurs de ces comportements violents qui affectent le bien-être physique, psychologique et émotionnel de la victime et des enfants qui y sont exposés.
Certains signes avertisseurs permettent de reconnaître les manifestations de violence, par exemple, un conjoint peut :
- Rabaisser sa conjointe
- Parler tout le temps et monopoliser la conversation
- Surveiller sa conjointe tout le temps, même au travail
- Prétendre être la victime et simuler la dépression
- Tenter d’empêcher sa conjointe de voir sa famille et ses amies et amis
- Agir comme si sa conjointe lui appartenait
- Mentir pour bien paraître ou exagérer ses qualités
- Agir comme s’il était supérieur aux autres membres de la famille et plus important qu’eux
La violence verbale est utilisée pour intimider, humilier ou contrôler une personne ou un groupe. Elle peut aussi se retrouver dans toutes les formes d’interactions (entre personnes inconnues, avec le voisinage, entre collègues, entre partenaires) et dans des relations d’autorité (cadre-personnel, professeure ou professeur-élève, entraîneuse ou entraîneur-athlète). Cette forme de violence peut également annoncer de la violence physique.
Tout comme la violence psychologique, la violence verbale peut être difficile à reconnaître, car elle peut être banalisée et ignorée par plusieurs. Souvent, les gens se disent que cela ne les regarde pas.
Voici quelques indices permettant d’identifier la violence verbale :
- Le sarcasme :
Dire un compliment avec l’intention d’exprimer le contraire - Les insultes:
« T’es un vrai boulet pour l’équipe! »
« Comment t’arrives à rester en vie en étant aussi con? »
« Retourne chez vous, l’réfugié » - Les propos dégradants ou humiliants :
« C’est sûrement ton décolleté qui t’a donné ta promotion. »
« On n’a jamais vu plus incompétent que toi, le patron devrait te renvoyer! » - Les hurlements ou les ordres :
« Je ne t’ai pas demandé ton avis, alors ferme ta gueule! »
« Arrête de dire des conneries si tu ne veux pas te faire traiter de conne! »
Violence psychologique
La violence psychologique est une forme de violence subtile, et parfois plus difficile à identifier. Elle débute souvent par des commentaires qui semblent anodins. Plus les agressions se répètent, plus la femme se demande si elle a raison de se questionner sur l’attitude de son conjoint. La femme croit que ce dernier a raison, son estime d’elle-même se détériore et elle se sent de plus en plus impuissante.
La violence psychologique est généralement utilisée pour avoir ou garder le contrôle sur quelqu’un. Le respect est absent et le consentement est obtenu de manière inacceptable. Le point commun à toutes les stratégies recourant à la violence psychologique est qu’une personne agit de façon inconsidérée envers l’autre, une série d’attitudes ou de paroles méprisantes et humiliantes :
- Dénigrer les capacités intellectuelles ou l’apparence de la femme
- Critiquer sa façon d’éduquer les enfants ou de cuisiner
- Passer des commentaires négatifs en public
- Commenter ou lui reprocher ses performances sexuelles
- Laisser croire qu’elle est incompétente, nulle
- Faire comme si elle n’existait pas pendant plusieurs jours
- En la critiquant constamment
- En la rabaissant
- etc.
Cette forme de violence est souvent difficile à détecter par les victimes et par leur entourage, car elle est subtile et hypocrite. Les victimes peuvent se sentir manipulées (impression que quelqu’un leur joue dans la tête) ou ressentir de l’injustice dans la façon dont on les traite. Cependant, certains indices dans le comportement de l’agresseur aident à identifier la violence psychologique. En voici quelques-uns:
- Critiques à répétition ou reproches fréquents :
- « Tu ne réussis jamais du premier coup! »
- « Tu n’es pas assez féminine! »
- « Tu as encore fait ça tout croche… »
- « Tu entends des voix, je n’ai jamais dit ça! »
- Chantage:
- « Je pourrais arrêter de te rendre service si tu refusais de me payer ça! »
- « Je sais des choses sur toi que les patrons seraient bien déçus d’apprendre. »
- « Si tu me quittes, je vais me suicider! »
- Accusations fausses ou injustifiées (sans preuve) :
- « Je suis sûre que tu me trompes! »
- « Je savais que tu ne méritais pas ma confiance. »
- « C’est de ta faute si je me fâche, t’es pas endurable! »
- Menaces:
- « Si tu parles de ça au patron, tu vas me retrouver sur ta route. »
- « Réfléchis bien avant de faire quoi que ce soit, parce que tu ne reverras pas tes enfants. »
- Silence:
- Une personne qui boude pendant des heures, même des jours
- Une personne qui évite volontairement un sujet dans le but de créer de la tension
- Ignorance :
- Une personne qui fait semblant de ne pas vous voir
- Une personne qui fait semblant de ne pas vous entendre
La violence psychologique est fréquente dans plusieurs milieux et peut survenir entre des individus ayant un statut équivalent ou différent. Elle est souvent présente dans les situations de violence conjugale, d’agression sexuelle et d’exploitation sexuelle mais elle peut également se trouver dans un cadre de harcèlement, par exemple entre deux employés de même niveau, entre un parent aîné et son enfant devenu adulte, etc.
La violence économique
La violence économique, c’est tout ce qui se rapporte au contrôle de l’argent tel que :
- Obliger la femme à le faire vivre ou la forcer à s’endetter pour lui
- Interdire à la femme d’acheter certains articles essentiels (la femme achètera des produits en cachette ou se sentira obligée de se justifier)
- Reprocher les achats qui ont été faits
- L’obliger à abandonner ses études ou lui interdire de travailler
- La forcer à voler ou à frauder
Cette forme de violence réduit l’autonomie de la femme. La peur de se retrouver sans ressources peut mettre un frein à son désir de quitter le conjoint.
La violence économique est la moins bien connue des formes de violence, même si elle est grandement répandue. Une personne qui subit de la violence économique perd son autonomie financière, même si elle travaille à l’extérieur de la maison et qu’elle est bien payée.
La violence économique peut également faire partie de l’exploitation sexuelle, de la maltraitance envers les enfants, de la maltraitance envers les personnes aînées ou encore de la vie entre colocataires.
La violence économique peut être présente autant entre des personnes riches ou pauvres qu’entre des personnes qui ont un revenu inégal.
Quelques indices peuvent révéler la présence de violence économique :
- Contrôle financier imposé
- Surveillance accrue du budget
- Privation des cartes d’identité
- Dépendance financière forcée
Voici quelques exemples fréquents de situation de violence économique :
- Obliger une personne à verser des sommes ou à payer pour des dépenses qui ne sont pas les siennes;
- Voler les cartes de débit ou de crédit d’une personne;
- Demander à une personne de rendre des comptes sur ce qu’elle achète;
- Cacher ou garder les pièces d’identité d’une personne (passeport, permis de conduire, carte d’assurance maladie, etc.);
- Priver une personne de ses besoins essentiels (nourriture, médicaments, etc.);
- Engager des sommes (dépenses, prêts) au nom d’une personne sans son consentement;
- Interdire à une personne de travailler ou l’empêcher d’étudier;
- Imposer à une personne de se prostituer et lui réclamer ses gains.
La violence physique
La violence physique peut être manifestée envers une personne, un groupe, des objets, des animaux ou des lieux. Comme elle peut aller du coup de poing sur la table à la destruction d’un mobilier complet, elle peut aussi aller de la bousculade à l’homicide, et c’est ce qui la rend extrêmement dangereuse.
Bien qu’elle soit banalisée dans divers milieux (écoles, sports, jeux vidéo), cette forme de violence peut entraîner des conséquences graves sur les victimes (commotion cérébrale, blessures physiques et psychologiques graves, syndrome de choc post-traumatique, etc.).
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la violence physique est souvent difficile à identifier parce qu’elle est généralement camouflée. En effet, il est rare qu’une personne en frappe une autre ou la bouscule volontairement dans un endroit public ou devant des témoins. Une personne qui vit de la violence physique à l’école, dans sa famille (enfants ou aînés) ou dans son couple pourrait tenter de cacher ses blessures pour éviter de répondre à des questions. Les blessures pourraient aussi être déguisées en accident, et la victime aura tendance à s’en tenir à cette version.
Dans une relation de violence conjugale, la violence physique est souvent utilisée lorsque les cris, le sarcasme ou les menaces ne fonctionnent plus. La violence physique, c’est lorsqu’il y a une manifestation physique de la violence, mais pas forcément un contact entre les personnes :
- Lancer des objets à la femme ou près d’elle
- Bloquer le passage, la pousser
- Serrer les bras, la frapper
- Donner des coups de poing ou des coups de pied
- Tenter de l’étrangler
- Cracher au visage
Certains comportements adoptés par les victimes peuvent indiquer la présence de violence physique, par exemple :
- Porter fréquemment des vêtements qui cachent tout le corps, même en été
- Prétendre être maladroit pour justifier des ecchymoses (bleus)
- Éviter certains lieux, quitte à faire de longs détours
- Sursauter à la moindre occasion
- Montrer des signes évidents d’anxiété en présence d’une autre personne;
- Se protéger le visage ou le corps par réflexe si une autre personne bouge rapidement.
Les victimes de violence physique dans un contexte de violence conjugale pourraient aussi avoir tendance à défendre l’agresseur et à justifier ses gestes pour différentes raisons (attachement, crainte, etc.).
La violence physique peut être présente dans les situations de maltraitance envers les enfants, de violence conjugale, d’agression sexuelle, d’exploitation sexuelle, de maltraitance envers les personnes aînées, et même de harcèlement.
Violence sexuelle
La violence sexuelle est plus difficile à partager pour les femmes, car la sexualité fait référence à l’intimité du couple.
La violence sexuelle a généralement pour but de dominer une personne ou de la déstabiliser dans ce qu’elle a de plus intime. Ce lien avec l’intimité peut expliquer le fait qu’elle est une forme de violence peu dénoncée, mais il y a d’autres raisons. Celles-ci comptent parmi les plus fréquemment énoncées:
- La victime connaît son agresseur
- le sentiment de culpabilité
- L’impression que le système judiciaire est imposant et effrayant.
Bien que la sexualité soit très personnelle à chacun, tout geste qui n’a pas été consenti, qu’il soit fait avec ou sans contact physique, demeure une violence sexuelle. C’est pourquoi il faut toujours s’assurer d’obtenir le consentement de la personne avant de commencer ou de continuer quoi que ce soit.
La violence sexuelle peut prendre plusieurs formes et se manifester à divers degrés de gravité. Voici quelques exemples de gestes démontrant une forme de violence sexuelle :
- Envoyer par messagerie (téléphonique, par texto ou par courriel) des contenus à caractère sexuel pour lesquels on n’a pas reçu de consentement (sextage). Ces contenus peuvent être audio, textuels, photo (dick pic) ou vidéo (ex. : lécher des objets, insérer des objets dans des orifices, se trémousser de manière à reproduire la pénétration);
- Se frotter les parties génitales ou les seins contre une personne ou toucher, frôler les parties génitales ou les seins d’une personne sans son consentement. Ce type de violence se déroule généralement dans les lieux publics ou dans les endroits où les gens sont collés les uns aux autres (frotteurisme);
- Montrer ses parties intimes sans le consentement de l’autre (exhibitionnisme);
- Espionner une personne dans son intimité (voyeurisme);
- Manipuler une personne pour obtenir des actes sexuels sans son consentement;
- Forcer une personne à avoir des relations sexuelles avec quelqu’un d’autre même si elle n’en a pas envie;
- Forcer une personne à regarder de la pornographie même si elle n’en a pas envie;
- Forcer une personne à se caresser ou à se masturber devant l’autre alors qu’elle ne le souhaite pas;
- Retirer son préservatif discrètement pendant l’acte sexuel à l’insu de l’autre (stealthing);
- Insulter la femme pendant l’acte sexuel : la traiter de putain, de salope
- Humilier ou intimider sa partenaire en comparant son corps à celui d’autres femmes
- L’obliger à porter des vêtements ou accessoires associés à la pornographie
- Obliger sa conjointe à regarder de la pornographie et à imiter les films pornographiques
- La frapper ou la mordre pendant l’acte sexuel
- L’obliger à avoir des relations sexuelles par crainte de représailles ou pour acheter la paix.
- Obliger une personne à insérer des objets dans sa bouche, sa vulve ou son anus alors qu’elle n’en a pas envie;
- Omettre volontairement de divulguer qu’on est atteint du VIH, du sida ou d’une infection transmissible sexuellement et par le sang (ITSS).
La violence sexuelle ne vient pas toujours seule. Les auteurs de violence utiliseront parfois d’autres formes de violence pour maintenir leur emprise sur la victime, que ce soit la violence psychologique, verbale ou physique.
Certaines pratiques, comme l’excision (ablation du clitoris), ne sont pas permises au Canada. Peu importe que les raisons pour la pratiquer soient religieuses, culturelles, traditionnelles ou sociales, l’excision constitue non seulement une violence sexuelle, mais elle est aussi un acte criminel.
La cyberviolence
Cyberviolence: harcèlement incessant par tout moyen de communication, surveillance des faits et gestes de la victime par géolocalisation, publications de photos ou vidéos privées sur les réseaux sociaux, toutes formes de dénigrement, menaces et intimidations sur les réseaux sociaux.La cyberviolence est une autre forme de violence psychologique. Exercée à distance par l’intermédiaire des nouvelles technologies (courriels, textos, réseaux sociaux…), elle est de plus en plus répandue, notamment dans les relations des adolescents, adolescentes et jeunes adultes.
Elle peut s’exprimer de multiples façons: géolocalisation, espionnage, harcèlement via des appels ou messages incessants, publication d’images ou de messages dénigrants, fraude, usurpation d’identité… La cyberviolence permet au partenaire de maintenir son emprise de façon continue.
La violence spirituelle ou religieuse
La violence spirituelle ou religieuse est une forme de violence psychologique qui consiste à dénigrer ou à ridiculiser les croyances d’une personne. Un homme contrôlant peut empêcher sa partenaire de pratiquer sa religion, de fréquenter son lieu de culte ou l’accuser d’être une mauvaise pratiquante. Il peut aussi utiliser la religion pour la manipuler, justifier sa violence ou sa domination.
Cette violence peut provoquer chez la femme victime des sentiments de honte et/ou de doute, qui conduisent souvent à l’abandon de ses pratiques.
Il est parfois difficile d’identifier et de reconnaître que nous vivons de la violence. Celle-ci est souvent subtile et graduelle. Je peux avoir la « puce à l’oreille » si, en présence de mon conjoint, je me mets à changer, à ne plus être moi-même, à me sentir coincée, contrainte à faire des choses qui ne me plaisent pas.
Si la peur m’empêche de m’exprimer librement, c’est probablement que je suis dans une relation malsaine. Finalement, la violence a aussi pour effet de me faire douter de moi, de mes capacités, de mes perceptions.
Quelle que soit la façon dont elle se manifeste, la violence conjugale laisse des traces, parfois indélébiles, sur la santé mentale et physique des femmes victimes.
Souffrance émotionnelle
La violence conjugale altère l’équilibre et le bien-être psychologique des femmes victimes. L’isolement, l’intimidation ou l’humiliation répétés sont souvent à l’origine d’un état de stress post-traumatique ou dépressif, dont les signes peuvent être très variés: détresse, crises d’angoisse ou de panique, anxiété, nervosité, irritabilité, peur, tristesse, désespoir, honte, colère, confusion, sentiments d’impuissance, d’insécurité ou de culpabilité, perte de confiance et d’estime de soi, repli sur soi, démotivation…
Ce mal-être profond peut conduire à des comportements autodestructeurs : dépendance aux médicaments, consommation excessive de drogues ou d’alcool, automutilation, tentative de suicide…
Trouble de santé
L’instabilité et l’état de stress entretenus par le cycle de la violence conjugale peuvent avoir de nombreuses répercussions sur l’état de santé physique des femmes victimes: problèmes digestifs ou alimentaires, allergies, douleurs musculaires, maux de tête, problèmes cutanés, troubles du sommeil, baisse d’énergie, épuisement, dégradation du système immunitaire, problèmes menstruels, tremblements, hypertension, difficultés cognitives…
Blessures physiques
Lorsqu’elle est exercée de manière physique, la violence conjugale porte atteinte à l’intégrité des femmes victimes. Écchymoses, dents cassées, fractures, brûlures, commotions cérébrales, hémorragies internes…: certaines blessures peuvent être extrêmement graves. Elles laissent parfois des séquelles ou des handicaps permanents, et peuvent même entraîner la mort.
Altération des liens avec les proches
Souvent à l’origine de tensions familiales ou amicales, la violence conjugale affecte les relations sociales des femmes victimes. Celles-ci peuvent perdre la confiance et l’estime de leurs proches, allant parfois jusqu’à la rupture totale de leurs liens.
Par honte, culpabilité, gêne, peur, insécurité, méfiance ou encore résignation, certaines femmes choisissent d’éviter leur entourage. Les déménagements ou les changements d’activité provoqués par la situation peuvent aussi fortement altérer leur vie sociale et provoquer leur isolement.
Altération des liens avec les enfants
Dans les familles où règne la violence conjugale, les partenaires contrôlants imposent leur pouvoir, tandis que les femmes victimes n’en ont presque plus. Ce déséquilibre affecte profondément les enfants, les adolescents et les adolescentes, qui y réagissent souvent en refusant l’autorité de leur mère. Face à ce déséquilibre, certains enfants se sentent également responsables de protéger leur mère, ce qui peut devenir très dangereux pour eux.
Précarité financière, pauvreté et exclusion sociale
La violence conjugale a des répercussions sur la sécurité financière des femmes victimes. Des difficultés à travailler, une perte d’emploi, des frais d’avocat ou d’avocate, de déménagement, de traitements médicaux ou d’hospitalisation peuvent leur coûter très cher. Peu importe leur statut social d’origine ou leur scolarité, les femmes victimes de violence conjugale sont ainsi particulièrement exposées à la pauvreté. Certaines peuvent se retrouver complètement exclues du marché du travail et à la rue de façon durable.
Coûts sociaux
La violence conjugale entraîne des coûts importants pour la collectivité: services de sécurité publique, procédures judiciaires civiles et criminelles, système de santé et services sociaux, prestations d’assurance-emploi et sécurité du revenu…
Plusieurs femmes qui viennent au Carrefour des femmes n’ont pas vécu de violence physique. Il est important de savoir que les autres formes de violence laissent des séquelles tout aussi graves que la violence physique. Elles atteignent l’estime de soi, l’image ainsi que les capacités personnelles de la victime.
Une agression sexuelle est toute activité sexuelle faite sans le consentement de la personne. Il peut y avoir agression sexuelle même si vous n’avez pas de blessure corporelle et même s’il n’y a pas eu de violence physique. L’agresseur peut faire du chantage, proférer des menaces, manipuler affectivement, intimider ou user de son autorité pour vous contrôler. Il peut aussi
exercer une apparente « gentillesse » ou avoir recours à l’alcool ou la drogue. Une agression sexuelle peut être commise par un inconnu, mais en général, la victime connaît l’agresseur.
Ce peut être une connaissance, un collègue, un voisin, un ami, un membre de la famille, un conjoint ou un mari… depuis 1983, les agressions sexuelles dans un couple sont punies par la loi au Canada.
Le Code criminel du Canada reconnaît que les hommes et les femmes peuvent être victimes d’agression sexuelle. Cependant, statistiquement, la grande majorité des victimes sont des femmes.
Il est important de savoir que même si vous n’avez aucun contrôle sur la violence de votre conjoint ou ex-conjoint, il est possible d’accroître votre sécurité, ainsi que celle de vos enfants. Avoir un plan de sécurité permet de se protéger contre de nouvelles agressions et d’améliorer votre sécurité au cas où d’autres incidents de violence se produiraient. Élaborer un plan de sécurité implique une planification adaptée à la situation particulière de chaque femme.
Vous pouvez préparer un plan de sécurité que vous viviez ou non avec votre conjoint, que vous ayez l’intention de le quitter ou de continuer à demeurer avec lui, que vous ayez des enfants ou non. Ce plan tiendra compte de vos moyens financiers, des ressources dont vous disposez et des possibilités de logement qui s’offrent à vous. Il faut garder à l’esprit que le plan de sécurité évoluera selon les circonstances; si vos circonstances changent, il faut donc le revoir et le réviser tout au long du processus de changement afin d’améliorer en permanence votre sécurité.
Un plan de sécurité devrait comprendre les éléments suivants :
- Des moyens de vous échapper en cas d’urgence
- Des façons d’obtenir de l’aide si vous êtes dans l’impossibilité de quitter votre conjoint
- Des endroits où vous pourriez aller si vous décidez de partir
- Des moyens d’améliorer la sécurité à votre nouveau domicile
- Des façons de rester en contact avec les personnes qui vous viendront en aide.
- Des moyens d’améliorer la sécurité de vos enfants
- Des façons de protéger vos biens personnels (vêtements, bijoux, souvenirs de famille, documents importants, etc.)
- Des moyens d’améliorer votre sécurité dans les lieux publics et au travail
- Tout autre élément que vous jugez nécessaire pour que votre plan soit efficace
Pour de plus amples renseignements sur un plan de sécurité, consultez l’adresse suivante : https://declicviolence.fr/p/le-plan-de-securite
Si vous pensez quitter un conjoint violent ou décidez de le faire, vous disposez d’un certain nombre de possibilités. Vous pouvez:
- Vous rendre à une maison d’hébergement (consultez l’adresse suivante pour trouver la maison d’hébergement la plus près de chez vous : https://sheltersafe.ca/ontario/, https://hebergementfemmes.ca/
- Aller vivre chez une amie ou un ami ou chez quelqu’un de votre famille.
- Emménager dans un nouveau logement.
- Demeurer à la résidence familiale si l’agresseur accepte de déménager ou si la cour lui ordonne de le faire.
- Avoir recourt à d’autres services offerts dans votre collectivité.
Quel que soit le scénario envisagé, la priorité demeure toujours votre sécurité et celle de vos enfants, car le conjoint violent risque d’augmenter son niveau de violence lorsqu’il comprendra que vous comptez réellement mettre un terme à la relation et vous soustraire à son contrôle.
Deux mesures peuvent accroître votre sécurité ou réduire les risques de nouvelles agressions : l’ordonnance de ne pas faire (si vous et votre conjoint êtes mariés, êtes conjoints de fait ou avez cohabité) et l’ordonnance de possession exclusive du foyer conjugal (si vous et votre conjoint êtes mariés). C’est la cour de la famille qui rend ces ordonnances.
Il est important d’apporter certains documents avec vous ou de les remettre à une personne en qui vous avez confiance qui pourra les garder en lieu sûr.
Voici une liste des documents et autres choses que vous pouvez apporter avec vous :
- Les passeports, les certificats de naissance, les papiers d’immigration (les vôtres et ceux de vos enfants)
- Votre permis de conduire et l’enregistrement de votre voiture
- Les médicaments (avec ou sans ordonnance) et les dossiers médicaux (les vôtres et ceux de vos enfants)
- Les dossiers de vaccination et les bulletins scolaires de vos enfants
- Votre carte d’assurance santé et celles de vos enfants
- Tous vos documents légaux (affidavits, ordonnances de la cour, certificat de mariage) et, s’il y a lieu, le cahier dans lequel vous avez documenté la violence dont vous avez été victime
- Le bail de location ou les actes notariés de la maison, le registre des paiements d’hypothèque
- Vos relevés bancaires, toutes les cartes que vous utilisez : carte d’assurance sociale, carte de crédit, carte de débit, carte d’appel
- Les documents d’assurance (vie, maison, voiture, biens meubles)
- Votre permis de travail
- Votre numéro d’identification de l’aide sociale
- Votre carnet d’adresses
- Une photo de votre conjoint
- De l’argent comptant
- Les choses qui ont de la valeur pour vous (photos des enfants, cadeaux, livres, etc.) et pour vos enfants (jouets ou livres préférés)
Les intervenantes pourront vous aider à élaborer un plan de sécurité, vous diriger vers divers services qui vous aideront à préparer votre dossier et vos démarches légales à la Cour de la famille, vous accompagner à la cour et vous aider à vous familiariser avec le processus de la cour de la famille.
Pour obtenir la liste des maisons d’hébergement de l’Ontario, consultez le site Web suivant :
https://sheltersafe.ca/ontario/, https://hebergementfemmes.ca/
Ligne de soutien provinciale pour femmes francophones touchées par la violence. On pourra vous donner les coordonnées des maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence et des organismes communautaires comme les centres de femmes.
Où que vous soyez en Ontario, vous pouvez composer le 1 877 336-2433 ─ ATS 1 866 860-7082. Les appels sont gratuits et Fem’aide offre des services 24 heures par jour et sept jours par semaine. Pour de plus amples renseignements, consultez le site Web à l’adresse suivante : www.femaide.ca.
Vous devrez payer pour retenir les services d’une avocate ou d’un avocat. Si vous n’en avez pas les moyens, vous pouvez faire une demande à Aide juridique Ontario qui offre de l’aide pour régler certains problèmes en droit de la famille. Si vous répondez aux critères d’admissibilité, Aide juridique Ontario vous remettra un certificat d’aide juridique que vous pourrez utiliser pour retenir les services d’une avocate ou d’un avocat. Dans certains cas, le bureau d’aide juridique offre de payer les honoraires d’une avocate ou d’un avocat à la condition d’être remboursé par la suite.
Habituellement, si votre conjoint ou ex-conjoint a été violent avec vous ou qu’il vous a intimidée, vous pouvez obtenir un certificat d’aide juridique vous donnant droit à une consultation juridique de deux heures. Vous n’avez qu’à remplir le formulaire « Autorisation d’avocat-conseil en violence familiale » disponible dans les cliniques juridiques communautaires et les maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence. Pour toute question à propos de l’aide juridique, composez le 1 800 668-8258, du lundi au vendredi de 8 heures à 17 heures.
Brisez l’isolement, ne restez pas seule.
Aucune excuse ne peut justifier la violence.
La force de recouvrer votre bien-être intérieur est en vous !